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LA PROUE DE LA PENICHE EST DESSINEE
Gaël, Speedy, Marsa et Sébastien
SPEEDY VA PEINDRE PENDANT 48 H
Speedy Graphito en pleine création
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SPEEDY ET EUROPODYSSEE

Speedy et la péniche. Photo râtée ou réussie ?

 

 

Jeudi 21 mai. Chantier naval d'Achères.
M. Marcellin, de la commission de surveilance des bateaux à propulsion mécanique de Paris, a relevé 252 mesures avec l'appareil UTH20B à rayon laser. Verdict clément : "le sondage de la coque d'Europodyssée laisse apparaître des épaisseurs satisfaisantes".
Il fait beau sur le chantier, mais le diagnostic de M. Levoffre, diésesliste est sombre : "Faut pas partir avec ça... Vous allez avoir des problemes."


Vendredi 22 mai.
M. Levoffre accepte finalement de prendre en réparation notre moteur Mercédes M 202 B de 1952. A nous de trouver toutes les pièces : pistons, chemises, culasse, soupapes, injecteurs, porte-injecteurs, joints, pompe d'injection, segments... Le tout en cinq jours car France 3 n'attendra pas. La diffusions de nos films à la télé, seul moyen de subsistance, débute le 3 juin. Il faut bien être parti d'ici là !
Speedy Graphito, l'artiste peintre, est arrivé à 14h. Il nous donne son talent pour faire dela péniche une oeuvre d'art. La peinture va durer tout le week-end sans interruption.
La mise à l'eau ne s'est faite qu'après avoir du régler comptant la facture du chantier : notre voyage vers Moscou ne facilite pas les négociations !
M. Levoffre et son fils ont travaillé sans relâche. La péniche est belle, le moteur comme neuf, nous pourrons partir le 1er juin.

Lundi 1er Juin.
Le départ a eu lieu devant la Maison de la radio, à Paris. Soleil éclatant.
Beaucoup d'amis : tous ont partcipé à la réalisation de ce voyage.
Qui a largué la dernière amarre ?
On s'est arrêté à Champigny sur Marne, notre amarrage habituel, et le soir,
tout l'équipage est allé chez Gégène, la célèbre guinguette : moules, frites, accordéon. Moscou, le but ultime de notre voyage, est loin...
LES BELOT SALUES PAR LA STATUE DE LA LIBERTE
En route vers la liberté ! Jeanne et Alice auront deux ans de plus (donc 3 ans) quand elles reviendront en France...
DEPART DE LA PENICHE, A PARIS
Le grand départ, Paris 1er juin 92. Moscou est encore loin !
JEANNE BELOT, A LA BARRE
Première navigation de Jeanne, sur les genoux de Francis. Alice attend son tour, sur les genoux de Muriel...
Mardi 2 juin
Départ à 14h. A bord, Frédéric Raynaud, photographe, mécanicien, électrictien, pilote. Muriel Poulnais, baby-sitter, Jeanne et Alice, nos filles jumelles d'un an. Cécile Boumard Belot, journaliste et maman. Francis Belot, capitaine et papa. Voilà l'équipage permanent.
A seulement 30 km de Paris on entre dans un pays inconnu. C'est une question de rythme. Ecluse de Neuilly, de Vaires, de Chalifert. A Chalifert, on passe de la Marne au canal de Meaux. L'écluse est suivie d'un tunnel avec entrée en angle droit. Noir total. Les jumelles se demandent ce qui se passe et pleurent. On n'a pas le temps d'arriver à Meaux. Arrêt à Esbly. 5 heures de navigation : 26 kilomètres...
Jeudi 4 juin. Méry sur Marne (67 km)
Départ 7h. Europodyssée cogne dur sur une porte de l'écluse de Meaux. L'inverseur s'est bloqué. Livres et cassettes tombent des étagères. Les filles, Muriel et Cécile ont un réveil un peu brusque. "Il a cogné dur, dit l'éclusier, parceque là, il y a un sacré écart . Le choc l'a faite sortir, et au pied, elle a l'air abimée... On va tenter une ouverture et une re-fermeture..." L'écluse fonctionna. Le représentant de l'Etat, constat dûment rempli, nous laissa repartir.
Lundi 5 juin. Méry sur Marne - Reuil (64 km)
Départ 7h30. A l'écluse d'Azy sur Marne, au km 56 avant Epernay, éclusier très sympathique : Robert Rinlinger, dit Bébert, diéséliste, change le joint du cache-culbuteur défectueux avec un carton de chemise. Et ça marche. On découvre les vignobles de la Champagne, mais les moments contemplatifs sont rares. Il reste beaucoup à faire sur la péniche si l'on veut espérer réussir notre périple...
En fin d'après-midi, à vue de l'écluse de Vandières, on frôle l'échouage. La proue d'Europodyssée est montée droite dans le ciel. En une fraction de seconde, Gérard, un ami pilote jusqu'à Coblence, a fait arrière toute, "sinon, ça risque de faire ventouse", nous explique-t-il. Le moteur, vaillant, nous tire de là.
Conclusion : même sur un canal aussi serein que possible, il faut rester vigilant. Re-conclusion : nous avons avons intérêt à apprendre vite si l'on veut aller un peu plus loin.
Arrêt à Reuil, petit village de Champagne. Chaque maison a une cave. On sable, on trinque, on fête l'aventure avec des vignerons.
L'EQUIPAGE DE LA PENICHE
Reunion d'équipage en Champagne

 

PORTE D'ECLUSE
Silhouette sur porte d'écluse
Samedi 6 juin. Reuil - Châlons sur Marne (42 km)
L'écluse de Damery, électrique, est actionnée par une perche que l'on tourne quelques dizaines de mètres avant. Tout le monde était prêt sur le pont. Ce n'est pas facile avec un vent de côté, Jeanne et Alice ont bien ri de nos gesticulations ! Arrêt à Chalons après une superbe journée. Le moral de l'équipage est très bon. La péniche plaît beaucoup et ce n'est que gestes amicaux le long des berges. Les jumelles y répondent à tout-va avec leurs petites mains encore maladroites.
Dimanche 7 juin. Châlons.

Journée consacrée par tous au bateau. Meuble-table de navigation terminé, nettoyage complet de la péniche (pont, coque, écoutilles), nettoyage de la salle des machines, vidange du groupe électrogène, installation d'un projecteur de pont. Suzanne passe à travers le plexiglas de la terrasse et tombe direct dans le logement arrière... En fin d'après-midi nous quittons Châlons pour être devant les portes de l'écluse de Sarry demain à son ouverture. Là encore, une crème d'éclusier. Il nous offre des conserves maison, des haricots du jardin, nous prête ses cannes à pêche, ses asticots, son maïs pour les gardons, le tout avec un bouquet de roses "pour les dames d'à-bord".

Le soir, dans sa petite maison de célibataire noyée dans la brume, le silence de ce bout du monde est brisé par le cri, qui ne trouve pas d'écho de l'éclusier solitaire : "En 1969, il y avait 45 péniches par jour qui passaient. Aujourd'hui, sept : donc sept fois sept quarante-neuf... il y a 6 fois moins de navigation. Faut pas être con. Il suffit de calculer. En France, on casse les péniches, mais on n'en construit plus. Pourquoi ? Moi, je ne peux pas le savoir..."
Vendredi 12 juin. Vitry le François
Partie le 1er juin, Europodyssée est arrivée à Vitry le 9. Trois jours d'arrêt pour nettoyage du canal. Moscou n'est plus qu'à 7 780 km... Aujourd'hui, c'est l'anniversaire - un an - des jumelles : gâteau au chocolat, bougies, cadeaux. Le soir, on parle argent avec Philippe, le producteur : c'est la catastrophe.
Samedi 13 juin. Vitry - Mussey (38,5 km)
Douzième jour de navigation. Le canal vient d'ouvrir après trois semaines d'arrêt. Le niveau de l'eau est très bas. De l'écluse de Brusson (n°66) à celle de Varney (n°44), l'éclusier nous suit à mobylette, une bleue. A l'écluse de la Haie Herlin, personne. Il n'y a pas les clefs des vantelles. Une heure d'attente : la "bleue" était en panne...
A Mussey, petit village du val d'Oranin, les pompiers volontaires nous parrainnent : "Je vous offre 200 F de la part de l'amicale des sapeurs pompiers parce que nous, on aime bien donner... les voyages, j'aime bien. Je serais partant, même, pour voir avec vous les pays de l'Est, la Russie". Le chef des pompiers s'est arrêté de parler un temps, et les yeux posés sur les meubles de sa cuisine qu'il ne quittera pas, a rajouté : "Que les pompiers de là-bas vous donne une pucelle : leur insigne, et moi je leur enverrai la nôtre là-haut, par retour du courrier. On en a une de l'Amérique, alors moi, j'aimerais bien en avoir une de la Russie, aussi."
FRANCIS EN PLONGEE
Francis débouche la crépine d'entrée d'eau de refroidissement.

 

 

AU ROYAUME DES FLEURS
La plus fleurie de toutes les écluses est sans doute celle de Bar-le-Duc.

 

 

 

PENICHE LA BELLE HELENE
Dans le tunnel de Mauvages, le toueur tire plusieurs péniches. Noir total pendant 4 km.

 

 

 

UN PONT CANAL AU DESSUS DE LA MARNE
Pont-canal entre Vitry et Bar-le-Duc. Europodyssee survole la Marne.

 

 

 

 

 

Lundi 15 juin. Ligny-Demance (22km)
Hier, à l'écluse de Bar-le-Duc, nous avons rencontré une petite fée. Alors que le monde entier s'agite autour de nous elle regarde pousser des milliers de fleurs et organise la vie de son royaume. "J'ai toute une collection avec Blanche-Neige et plein de petits nains, et là, c'est la maison des Schtroumpfs. C'est ma passion, j'adore tout ça, et les fleurs c'est pareil. J'en ai même du temps où on était au bateau encore. Parce que nous, on est marinier, on n'est pas des gens d'à-terre, comme on dit, nous".

Mardi 16 juin. Toul (43 km)
Départ du toueur à 6h30. Enseigne au-dessus de la voûte d'entrée : Mauvages 1841-1846. Noir total dans le tunnel, silence seulement troublé par le cliquetis de la chaîne qu'avale mètre après mètre la machine, sur quatre kilomètres. Une amarre nous relie à Hélène trente mètres devant, puis devant elle, une faible lueur éclaire le toueur, irréel, fantastique... A l'écluse n°12 nous devons nous acquitter du péage : 600 francs pour 7 jours !). A Toul, port avec eau, électricité, le luxe. Dégustation du "gris de Toul".

Mercredi 17 juin. Ecluse de Fontenoy-sur-Moselle
On quitte les eaux vertes du canal pour celles, marron, de la Moselle. Trois kilomètres et le moteur chauffe. Il faut stopper. On décide de s'amarrer pour voir, mais où ? C'est le vent qui choisit. Il nous plaque sur la rive gauche, dans trente centimètres d'eau. Seuls, au milieu de rien. Quatre heures d'efforts avec Boris et l'Express-Renault qui laisse la gomme de ses pneus sur le chemn de halage à tirer en marche arrière Europodyssée, Gérard arc-bouté sur la gaffe, suant, râlant au vent : "Faut pas qu'elle resserre du cul !" Fred qui remplit sans cesse le radiateur du moteur (le chewing-gum n'a pas tenu sur la pompe à eau qui fuit), muriel qui donne les biberons à Alice et Jeanne assises sur leur chaise haute, captivées par les remous que soulève la marche arrière pour quelques millimètres fagnés, sous le regard de la caméra de Cécile imperturbable. Les Pieds Nickelés réincarnés...

Jeudi 18 juin.
Arrêt à Pompey, très bon relais fluvial (s'dresser au n°46 face au quai), douche, eau et électricité le tout avec le sourire. Les filles ont reçu des cadeaux de gens qui avaient reconnu la "péniche de la télé". Aucun problème de navigation aujourd'hui. C'est louche.

Mardi 23 juin. Moselle. Ecluse de Thionville.
Arrêt de 24 heures pour réparation complète de la pompe à eau (réparateur sur le quai). 2 800 F. Ici, ce ne sont pas les coqs qui vous réveillent le matin, mais l'allumage des moteurs de péniches géantes : un bang genre mur du son, mais à qualques mètres. Puis, le tems que cette formidable claique d'air balancée dans les tripes de la machine fasse son effet, un nuage de fumée noire s'échappe accompagné d'une note grave, lourde, puissante, suivie d'une autre plus claire, plus lourde encore, qui fait frémir Europodyssée. Visiblement, la Moselle est le domaine de ces monstres. C'est d'ailleurs écrit sur les cartes. On les appelle des "grands gabarits".

Jeudi 25 juin. Thionville-Luxembourg (70 km)
Ce matin, tôt, nous sommes passés devant la centrale nucléaire de Cettenom. Très impressionnant avec l'orage. Au km 242, écluse Apach appelée aussi Pierre Ricard. C'est la douane allemande. Aucun document n'est demandé. Encouragements des douaniers pour la suite du voyage. Pluie battante sans discontinuer, et les kilomètres défilent indiqués par de grands panneaux sur la rive.

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